Comment fonctionnent les protecteurs d'azote?

Catherine Faucher, agr. • mai 29, 2020
LE CYCLE DE L'AZOTE

L'azote est un élément indispensable à la vie sur terre. Au cours de son cycle, il subit plusieurs transformations et prend de nombreuses formes. À différents moments il se retrouve sous des formes plus susceptibles d'être perdues dans l'environnement. 
Tout d'abord, la volatilisation est le phénomène par lequel l'ammoniac (NH3), s'il n'est pas suffisamment enfoui, sera perdu dans l'atmosphère. Les fertilisants qui apportent de l'azote sous forme d'urée doivent, avant de pouvoir être absorbés par les plantes, être transformés en ammoniac, puis en ammonium (NH4+) et en nitrate (NO3-). Ils sont donc à risque de subir des pertes par volatilisation, surtout en présence de certaines conditions favorables:
  • Température élevée (>20C)
  • Humidité dans le sol
  • pH élevé (>7)
  • Fertilisant laissé en surface
La forme nitrate (NO3-), qui est la principale forme sous laquelle les cultures prélèvent l'azote du sol, est, quant à elle, sujette aux pertes par lessivage et dénitrification. Le nitrate, chargé négativement, n'est effectivement pas retenu par les particules de sol, et s'il n'est pas rapidement prélevé par la culture, risque d'être entraîné par l'eau de pluie vers la nappe phréatique, surtout en sols sableux: c'est ce qu'on appelle le lessivage. Dans les sols plus lourds, lorsqu'il pleut et que le sol se sature d'eau, c'est plutôt la dénitrification qui occasionne les pertes. Le nitrate est réduit en gaz à effet de serre qui sont rejetés dans l'atmosphère.

LES PROTECTEURS D'AZOTE

Les protecteurs d'azote sont des additifs que l'on ajoute le plus souvent à l'urée ou aux solutions de nitrate d'ammonium et d'urée (UAN), qui permettent de stopper l'un ou l'autre des processus de transformation de l'azote pour le maintenir sous des formes plus stables et ainsi limiter les pertes.

Le N-(n-butyl) thiophosphorique triamide (NBPT) est sans doute l'inhibiteur d'uréase le plus connu. Il agit en freinant l'activité de l'enzyme uréase, naturellement présente dans le sol, qui transforme l'urée en ammoniac. En ralentissant l'action de l'uréase, le NBPT protège l'urée laissée en surface jusqu'à ce que des précipitations suffisamment abondantes l'incorporent au sol. 

Au niveau des inhibiteurs de nitrification, les matières actives commercialisées sont plus nombreuses (DCD, Pronitridine, Nitrapyrine), mais elles agissent toutes en ralentissant l'activité des bactéries Nitrosomonas, pour garder l'azote sous la forme NH4+ plus longtemps. Cette forme est plus stable, moins sujette aux pertes par lessivage ou volatilisation. 

À moins de pouvoir prédire avec certitude la venue d'une pluie suffisante, vous devriez envisager de protéger l'urée appliquée en surface, sans incorporation, peu importe dans quelle culture. Puis une fois dans le sol, un inhibiteur de nitrification vous assure que l'azote sera disponible à la culture, et non pas perdu dans l'environnement. Dans les sols plus légers, c'est incontestablement un bon outil dans la gestion raisonnée de l'azote!
par Geneviève Arsenault-Labrecque, Ph. D. CEO & Responsable R&D | AYOS technologies 19 août, 2022
La pourriture phytophthoréenne, causée par l’agent pathogène Phytophthora sojae , est une maladie racinaire en constante augmentation dans les cultures de soya canadiennes. Chaque année, on comptabilise des pertes de rendements de plus de 50 millions de dollars au pays associées à cette maladie uniquement. Sans l’utilisation d’aucune méthode de lutte, un producteur aux prises avec du Phytophthora aura des pertes moyennes de rendements de 11 %, ce qui représente facilement 200 $ l’hectare en moins dans ses poches à chaque saison. Heureusement, des variétés de soya possédant des gènes de résistance «Rps» (résistant à Phytophthora sojae ) sont disponibles pour les producteurs et permettent de protéger efficacement les plants, du semis à la récolte. Pour savoir quels gènes utiliser, le producteur doit toutefois connaître les différentes souches (ou variants) de la maladie présentes dans son champ. Selon une récente étude pancanadienne présentée par l’équipe du professeur Richard Bélanger à l’Université Laval, 85 % des producteurs canadiens n’utilisent pas le bon gène de résistance. C’est pourquoi cette même équipe a développé un outil de diagnostic moléculaire novateur qui permet d’identifier précisément les différents variants de la maladie présents dans un simple échantillon de sol ou de plante. En connaissant précisément les variants présents dans un champ, le producteur sait exactement quels gènes Rps il doit privilégier ou éviter. Il peut ainsi simplement demander à son semencier de lui fournir une variété qui contient le bon bagage de résistance. Afin d’assurer l’accessibilité de cet outil (aujourd’hui breveté) aux producteurs de soya, l’entreprise AYOS technologies a été fondé au sein même du laboratoire de recherche de l’Université. L’entreprise rend le service de détection des variants de Phytophthora sojae disponibles à l’ensemble des producteurs, afin de leur permettre un choix éclairé quand vient le temps de sélectionner des semences qui seront résistantes à la maladie. Par un simple choix de variétés de soya adaptées, le producteur peut diminuer drastiquement ses pertes de rendement sans même avoir à investir dans un traitement de semences souvent onéreux et qui ne protègent qu’en début de saison. Advenant le cas où aucun des gènes Rps recommandés suite au diagnostic ne serait disponible chez le semencier, le producteur peut se tourner vers une variété de soya possédant une bonne tolérance à la maladie. Une variété tolérante permettra de diminuer l’importance des symptômes de la maladie à partir du stade première vraie feuille, constituant donc une bonne alternative durable pour réduire les pertes de rendements. Pour obtenir le service de diagnostic des variants de la pourriture phytophthoréenne offert par AYOS technologies, ou pour toute autre information concernant la maladie ou les services offerts par AYOS, consultez votre conseiller Agrocentre.
par Catherine Faucher, agr. 02 juin, 2022
Des bactéries au service de l'agriculture
par Catherine Faucher, agr. 04 nov., 2021
Une forte demande saisonnière, une disponibilité mondiale limitée et des retards de production, les astres ne semblent pas alignés en notre faveur cette fois... Dans ce blogue, je vous propose une traduction libre d'un article paru sur le site de Farm Progress, qui explique bien les principaux facteurs qui ont mené à l'escalade du prix des fertilisants dans les dernières semaines/mois. On y explique d'abord que les superficies cultivées en maïs, soya, blé ou coton, aux États-Unis, au Brésil et en Chine, ont augmenté dans la dernière année, et que la tendance à la hausse devrait se maintenir. La demande est donc forte, et aura eu raison des réserves de fertilisants des différents producteurs, qui peinent à suivre la cadence. Aux États-Unis, plusieurs installations impliquées plus ou moins directement dans la production ou le transport des fertilisants ont été endommagées, ou temporairement arrêtées, par l'ouragan Ida à la fin de l'été, ce qui n'a en rien aidé ce débalancement entre l'offre et la demande. Il y a ensuite la Chine, plus important producteur d'engrais phosphatés, qui a récemment décidé de stopper ses exportations de phosphore et d'urée, afin d'assurer un approvisionnement suffisant pour les agriculteurs chinois. Même si nous achetons peu de fertilisant en provenance de Chine, les pays qui s'y approvisionnent habituellement se tournent maintenant tous vers les fournisseurs restants, ceux de qui nous achetons... Mais le principal moteur de la flambée des prix des engrais est sans doute la situation actuelle de l'énergie. L'augmentation importante du coût du gaz naturel en Europe force l'arrêt des usines qui fabriquent des fertilisants azotés. Le gaz naturel, en plus d'être la principale source d'énergie de la plupart des usines de fertilisants au travers le monde, est aussi un ingrédient clé dans la fabrication de l'ammoniac anhydre, un constituant de l'urée. Ces arrêts dans la production ont bien sûr un impact important sur la disponibilité mondiale, et au-delà du prix, c'est le fait d'être capable d'acheter du produit à temps pour nos besoins qui devient inquiétant. D'ailleurs, au niveau de l'approvisionnement, la disponibilité du produit n'est pas le seul enjeu. Une fois qu'il est acheté, il faut encore pouvoir l'amener jusqu'ici. La rareté des bateaux et des wagons, ainsi que les prix et les conditions fixés par les transporteurs, représentent un véritable défi logistique pour les équipes d'approvisionnement! En résumé, c'est un ensemble de facteurs, pas nécessairement liés les uns aux autres, qui entraînent cette année les prix des fertilisants (et d'autres commodités) vers des sommets qu'on ne souhaite pas revoir trop souvent!
par Catherine Faucher, agr. 16 juin, 2021
Les cultures manquent d'eau, et les périodes de sécheresse de plus en plus fréquentes ne sont pas une situation sur laquelle nous avons le contrôle. Par contre, parmi les moyens d'y faire face, on peut compter sur une fertilisation potassique suffisante! Le potassium est un élément nutritif essentiel, impliqué dans la plupart des processus physiologiques et biochimiques qui influencent la croissance de la plante et son métabolisme. Il est impliqué dans l'activation d'enzymes, dans la synthèse des protéines, la photosynthèse, la régulation osmotique, l'ouverture et la fermeture des stomates, le transfert de l'énergie dans la plante, et plus encore. Bref, c'est un élément très important à la bonne santé des cultures. L'idée que la nutrition potassique puisse agir sur la résistance des plantes au stress hydrique n'est pas nouvelle, mais puisqu'il semble que nous devrons nous résoudre à subir plus régulièrement des périodes de sécheresses estivales, il est certainement utile de le rappeler. En résumé, on peut expliquer le super pouvoir du K à l'aide des trois points suivants: Le potassium participe à la turgescence des cellules en croissance. Il permet de maintenir la pression osmotique, c'est à dire de garder l'eau DANS la plante quand elle se fait rare dans le sol. Le potassium favorise la croissance racinaire (notamment des racines latérales) et rallongerait leur durée de vie. Plus de racines permettent d'explorer un plus grand volume de terre, à la recherche d'un peu d'humidité!  Le potassium rallonge la durée de vie des feuilles en permettant l'élimination des radicaux libres dont la formation est souvent consécutives à des épisodes de stress hydriques et thermiques . Plus de feuilles = plus de photosynthèse, et une meilleure reprise de la croissance suite au stress. Outre les stress abiotiques, le potassium aide également les cultures à résister aux attaques de plusieurs maladies et insectes. Par exemple, des recherches ont démontré que les populations de pucerons du soya sont plus importantes, et augmentent plus rapidement sur les plants déficients en potassium. Une fertilisation adéquate en potassium aiderait aussi la luzerne à résister aux attaques de cicadelles et à reprendre sa croissance avec plus de vigueur après les coupes. En conclusion, analyses de sol et analyses foliaires sont vos alliées: corrigez les niveaux de potasse dans vos sols aux endroits où ils sont faibles à moyens, et ne négligez pas un apport annuel selon les besoins calculés!
par Catherine Faucher, agr. 12 mai, 2021
Il y a des ravageurs particulièrement doués au jeu de l'évolution. Tellement qu'ils représentent de réels enjeux quand vient le temps d'élaborer des stratégies de lutte efficaces. Établir un plan de prévention et de gestion de la résistance à long terme ne se résume pas à limiter les pertes de rendements par les ravageurs d'une année à l'autre. Il faut améliorer nos façon de faire sur le long terme parce que chaque année, le nombre de nouveaux cas de résistance aux pesticides augmente, et la tendance ne risque pas de s’inverser dans un futur rapproché ! Comment se développe la résistance ? Le développement de la résistance est un parfait exemple de l’adaptation du vivant à son environnement. Une mauvaise herbe, un insecte ou un pathogène hérite un jour de cette habilité à survivre et se reproduire malgré l’exposition à une dose de pesticide qui aurait normalement dû lui être fatale. À force d’une utilisation répétée d’un même produit, ou de pesticides qui attaquent de la même façon, certains individus dans les populations de ravageurs sont favorisés. Par hasard, ils présentent une petite anomalie génétique, invisible à l’œil nu, qui leur permet de survivre au traitement. Ayant la possibilité de se reproduire, ils multiplient donc dans leur descendance cette particularité et finissent par représenter la majorité de la population présente dans un champ donné. C’est la loi du plus fort ! Évidemment, établir de bonnes stratégies de lutte devient plus complexe lorsque l’on doit composer avec la présence de résistance dans ses champs. La diminution des options de traitement, ou même l’absence de produits de remplacement peut occasionner certains casse-têtes...En plus, les coûts reliés aux solutions alternatives sont souvent plus élevés. Pour pouvoir continuer le plus longtemps possible à bénéficier d’un large éventail de produits performants, et ne pas mettre trop de pression sur des matières actives qui ne sont pas renouvelées fréquemment, mieux vaut prévenir l’apparition de résistances que d’être pris à les gérer ! Recourir à plusieurs modes d’action différents, s’assurer d’une bonne rotation non seulement des groupes de pesticides, mais aussi des cultures, sont de bonnes pratiques pour prévenir le développement de la résistance. Plusieurs autres méthodes, comme les cultures de couverture, le désherbage mécanique, des pratiques culturales adaptées et l'introduction de prédateurs naturels peuvent aussi être mises en place, selon le type de ravageurs auxquels on fait face. Au fond, ce qu’il faut retenir, c’est que plus on multiplie et diversifie les moyens de lutte, moins on laisse de chance aux quelques individus bioniques qui pourraient se trouver parmi les populations de mauvaises herbes, d'insectes ou de pathogènes que l'on tente de contrôler. Le cas particulier de l’amarante tuberculée : Au Québec, on compte 14 espèces de mauvaises herbes résistantes, dont la petite herbe à poux qui représente près de la moitié des cas confirmés. De la résistance multiple - une population de mauvaises herbes résistantes à plus d'un groupe d'herbicides - a également été détectée chez 4 espèces dont l'amarante tuberculée. Cette plante attire particulièrement l'attention puisqu'en plus d'avoir une excellente capacité d'adaptation et de reproduction, elle démontre une capacité de croissance impressionnante et peut engendrer des pertes importantes de rendement, principalement dans le maïs et le soya. Observée pour la première fois en 2017 en Montérégie Ouest, quelques foyers d'individus résistants apparaissent chaque année, et sa présence est possiblement sous-estimée. Si la première année, on ne la remarque pas trop, avec la possibilité de produire de 300 000 à 1,2 million de graines, facilement dispersables par les excréments d’animaux et la machinerie contaminée, c'est un problème qui prend rapidement de l'ampleur. Le meilleur moyen d'y faire face est encore de prévenir son apparition, et de rapidement l'éradiquer si de l'amarante tuberculée est identifiée dans un champ. Il faut absolument être attentif à sa présence, et l'empêcher de produire des semences. Une aide financière du MAPAQ est d'ailleurs disponible pour aider les producteurs à détecter, identifier, et contrôler (notamment par l'arrachage manuel) l'amarante tuberculée. Pour en savoir plus, visitez le site Gérez la résistance maintenant , ou son homologue américain, Take Action . 
par Catherine Faucher, agr. 11 mai, 2021
Cette année, avec les prix élevés des grains, c'est encore plus intéressant que d'habitude d'aller chercher le maximum de rendement sur chaque hectare. C'est le moment de passer en mode «gestion des résultats»! Voici donc quelques points à considérer pour ne rien perdre de ce que la génétique de vos cultures a à offrir! Désherbage : Chaque culture traverse, au début de son développement, une « période critique sans mauvaises herbes ». La présence de mauvaises herbes durant cette période a un impact sur le rendement. Dans le maïs par exemple, la pression des mauvaises herbes doit rester faible du stade 2 feuilles au stade 8 feuilles, alors que c'est entre la 1ère et la 3e trifoliées dans le soya que la culture est plus sensible à leur présence. Il est donc important de dépister les champs, pour identifier les espèces de mauvaises herbes présentes, leur stade de développement, et la pression qu'elles exercent. Cela permet de choisir la meilleure option de désherbage, mais surtout, de s'assurer de traiter à temps, en priorisant les champs où la compétition est la plus forte. L'efficacité du traitement dépend au moins autant de la qualité de l'application que du produit lui-même. Vérifier la qualité de l'eau de pulvérisation (pH, dureté, turbidité), choisir les bonnes buses, appliquer le bon volume de bouillie à la bonne pression, ajouter un adjuvant sont toutes des actions qui permettent d'optimiser l'utilisation des produits phytosanitaires. Fertilisation : Il y a 17 éléments dits «essentiels» à la bonne croissance des cultures. Il n'y a donc pas seulement les 3 premiers chiffres de vos formules d'engrais qui comptent! Dans le soya et les céréales, le manganèse peut permettre d'améliorer le rendement, de même que la résistance aux stress et aux pathogènes. Dans le maïs, on optimise les apports d'azote en s'assurant qu'il y ait suffisamment de soufre, celui-ci aidant à l'absorption de l'azote. Cette complémentarité qui existe entre les éléments nutritifs n'est d'ailleurs pas à négliger. Par exemple, saviez-vous que le bore joue un rôle clé dans l'assimilation du potassium par les plantes? Ainsi, la solution n'est pas nécessairement d'appliquer une plus grande quantité d'un produit, mais plutôt de s'assurer que son utilisation par la culture sera optimale! En grandes cultures autant qu'en production maraîchère, les analyses foliaires sont très utiles pour détecter des niveaux sous les normales de certains éléments, avant que des symptômes de carence soient visibles. On peut donc corriger le problème avec une application foliaire, avant que le rendement ne soit affecté. Technologies : Il y a certainement beaucoup à gagner à utiliser les différentes technologies qui s'offrent à vous! Les images NDVI sont maintenant disponibles et facilement accessibles sur diverses plates-forme. AgConnexion est l'une d'entre elles, avec de nouvelles images publiées chaque semaine. Pour suivre à distance l'évolution de vos cultures, et orienter vos visites de champs vers les zones moins performantes, c'est un outil pratique! Les différents modèles prévisionnels qui existent, pour évaluer les risques de fusariose dans le blé ou de sclérotinia dans le soya, ou pour surveiller l'arrivée de différents insectes ravageurs, sont également un incontournable. Envisager l'utilisation d'un fongicide lorsque les facteurs de risque sont présents est un autre moyen d'augmenter les rendements. De nouveaux produits ont fait leur apparition sur le marché ces dernières années, et certains se sont avérés être des outils très intéressants pour protéger ou augmenter le rendement des cultures. Des biostimulants à base d'algues qui augmentent la résistance face aux stress, jusqu'aux bactéries fixatrices d'azote qui colonisent le maïs, informez-vous auprès de votre conseiller pour en apprendre d'avantage!
par Catherine Faucher, agr. 06 mai, 2021
En production biologique, les mauvaises herbes sont principalement contrôlées par des moyens physiques. Désherbage mécanique ou manuel, pyrodésherbage, compétition par des cultures de couverture... Et si, en complément à ces méthodes, vous pouviez également compter sur la simplicité d'utilisation d'un herbicide biologique efficace? Un tel produit existe! Développé par Westbridge Agricultural Products et commercialisé sous le non de BioLink® EC , il s'agit d'un herbicide foliaire non sélectif de post levée formulé à base d'acides gras naturels. Et bien qu'il ne soit disponible au Canada que depuis 2020, il s’est rapidement imposé comme outil de contrôle des mauvaises herbes chez plusieurs producteurs biologiques et conventionnels. L' Herbicide BioLink® EC agit en perturbant la cuticule cireuse et les parois cellulaires de la plante, provoquant la déshydratation et la mort des mauvaises herbes. Les impacts du traitement peuvent généralement être observés peu de temps après l'application. On l'utilise idéalement sur des mauvaises herbes jeunes et en croissance active, à un moment de la journée où les feuilles sont pleinement déployées. Les taux d'application plus élevés permettront tout de même un bon contrôle des vivaces, des graminées, ou des feuilles larges annuelles plus développées. Il est important d'appliquer le BioLink® EC dans un volume d'eau suffisant pour bien couvrir le feuillage des plantes nuisibles et au moins 4 heures avant la pluie, pour que le produit ait le temps d'agir sur la surface des feuilles. Puisqu'il est composé d'acides gras qui formeront une émulsion en mélange avec l'eau, il est important de bien agiter le produit avant l'emploi, et de maintenir l'agitation pendant la pulvérisation, pour éviter que les principes actifs se retrouvent à flotter à la surface du réservoir! Le produit doit être pulvérisé de manière à éviter le contact avec la culture; il n'est pas volatile, mais s'il atteint les tissus tendres de la culture, il les endommagera. Il est d'une grande utilité pour: Désherber entre les plants de bleuets, vignes, ou autres petits fruits arbustifs (les tiges ligneuses de plus de 3 ans ne sont pas affectées par le BioLink); Compléter le désherbage mécanique dans les grandes cultures biologiques (si appliqué près du rang avec un équipement de pulvérisation muni d'écrans de protection pour la culture); Aider au désherbage des cultures maraîchères biologiques (particulièrement intéressant dans un contexte de pénurie de main d'œuvre); Nettoyer les allées, les aires publiques, le contour des bâtiments ou des kiosques; Offrir une alternative durable, à faible risque pour la santé et l'environnement , même en régie conventionnelle. En plus d’être ultra efficace, cet herbicide est aussi sans danger pour les pollinisateurs, les insectes bénéfiques et pour la faune en général. Il n’est pas surprenant que tout le monde en veuille! Comme tous les produits de protection des cultures homologués par l'ARLA, l'herbicide BioLink® EC doit être utilisé en conformité des directives inscrites à l'étiquette. Conformité du produit vérifiée par Écocert; intrant conforme selon le règlement canadien COS (Canadian Organic Standard) pour utilisation en production biologique. Pour plus de détails sur l'utilisation du produit, consultez son étiquette, ou contactez votre conseiller Agrocentre.
par Catherine Faucher, agr. 09 avr., 2021
C'est un fait connu, l'azote sous forme d'urée est sensible aux pertes par volatilisation. L'option d'en mettre un peu plus, au cas où, est moins tentante quand les fertilisants sont chers, et misez sur la pluie demeure un pari risqué... Des options s'offrent à vous pour protégez votre investissement, et l'environnement! Pour commencer, revenons rapidement sur le phénomène de volatilisation, qui survient lorsque l'urée, sous l'effet de l'enzyme uréase, se transforme en ammoniac (NH 3 ). C'est un passage obligé vers les formes ammonium et nitrate, qui sont utilisées par les cultures. L'ammoniac est un gaz, et s'il est à la surface du sol lorsqu'il est produit, il s'envolera avant d'avoir pu continuer sa transformation vers une forme assimilable par les plantes. Jusqu'à la moitié de l'azote uréique peut être perdue par volatilisation si l'urée est laissée à la surface du sol. Pour réduire de 70% les pertes par volatilisation, il faut incorporer l'urée à au moins 5 cm de profondeur, ou qu'il tombe au moins 12 mm de pluie dans les 3 heures suivant l'application. Afin de protéger l'urée laissée en surface, on peut soit opter pour l'ajout d'un inhibiteur d'uréase , comme l'Agrotain (Anvol), ou se tourner vers une urée enrobée (PurYield). Les inhibiteurs permettent de retarder l'action de l'enzyme uréase, et la transformation de l'urée en ammoniac, jusqu'à ce qu'une pluie suffisante fasse pénétrer l'azote dans le sol. L'enrobage, quant à lui, constitue une barrière physique, et limite les pertes en libérant graduellement l'azote, permettant de mieux synchroniser sa disponibilité aux besoins des cultures. L'une ou l'autre des options sont particulièrement à envisager lorsqu'une ou plusieurs des conditions favorables à la volatilisation sont présentes: Semis direct: les résidus retardent l'incorporation de l'urée par la pluie, et l'uréase est plus abondante Température chaude qui stimule l'activité de l'uréase Humidité du sol élevée Conditions venteuses/asséchantes pH du sol élevé (7 et plus) Plus d'azote pour la culture, et moins de perte dans l'environnement, ça vous intéresse? Parlez-en à votre conseiller !
par Catherine Faucher, agr. 02 nov., 2020
Considérez-vous la chaux comme une dépense, ou comme un investissement? Parce qu'elle s'applique généralement à l'automne, une fois toutes les opérations terminées, la chaux est encore trop souvent vue comme une dépense que l'on peut - ou pas - se permettre, dépendant de l'année. Pourtant, maintenir le pH des sols cultivés dans l'intervalle optimal est l'une des fondations sur lesquelles repose le rendement. Avant même de travailler sur la fertilisation, ou de penser à augmenter la densité de population, il faut corriger l'acidité du sol là où c'est nécessaire pour s'assurer d'obtenir la meilleure réponse lorsque l'on travaillera sur ces autres facteurs. Le pH influence non seulement la disponibilité des éléments fertilisants apportés aux végétaux, mais aussi l’activité des microorganismes, de même que la structure du sol. L'échantillonnage géoréférencé et l'application à taux variable La variation dans la texture du sol, ou dans sa teneur en matière organique, influence son pH et sa capacité à résister à l'acidification naturelle qui survient dans les sols cultivés. Tout comme plusieurs types de sol peuvent s'alterner dans un champ, le pH est rarement uniforme d'un bout à l'autre d'une même parcelle. Pour optimiser l'utilisation de la chaux, il est donc recommandé de faire plus d'une analyse par champ, à moins que celui-ci soit très égal, tant au niveau du type de sol, du relief, que de la gestion des cultures et de la fertilisation dans les dernières années. Lorsque l'on parle d'échantillonnage géoréférencé, on réfère soit à l'échantillonnage par grille (grid), soit à l'échantillonnage par zones. La première méthode consiste à diviser le champ en plusieurs «carrés» de dimensions égales (1 ha chacun par exemple), et de constituer un échantillon de sol par carré. Selon cette méthode, nous aurions donc 20 analyses pour un champ de 20 hectares, qui nous permettraient de voir la variation au travers du champ des différents paramètres analysés. Souvent, les variations importantes dans le pH, le type de sol ou la fertilité du champ s'accompagnent d'une variabilité de la santé des plantes, de leur développement ou de leur rendement. Il est donc possible de visualiser ces variations sur des cartes NDVI ou des cartes de rendement. L'exploitant, qui connait bien sa terre, saura également identifier les endroits où la culture pousse moins bien. À partir de toutes ces informations, il est possible de diviser le champ en différentes sections, et de procéder à l'échantillonnage par zones! Plusieurs carottes de sol sont prélevées dans chaque zone, et sont mélangées pour former un échantillon; selon cette méthode, pour un champ de 20 hectares, nous pourrions cette fois avoir 3, 4 ou 5 analyses, qui aideront à expliquer les variations observées. Lorsque plusieurs analyses de sol sont disponibles pour un même champ, et que les pH différents se traduisent par des besoins en chaux différents, il est possible de préparer une recommandation à taux variable, pour que chaque section reçoive la bonne quantité de chaux. Parfois, l'application à taux variable se traduit par une économie sur la quantité totale de chaux à appliquer, mais le plus souvent, l'avantage réside dans une meilleure répartition du produit. Il n'y a pas de surchaulage là où le pH est adéquat, et on le corrige de façon plus efficace là où il est inférieur à la moyenne du champ. Les produits chaulants à valeur ajoutée La chaux est un produit dérivé du calcaire, une pierre d'origine naturelle comportant des niveaux élevés de carbonates de calcium et/ou de magnésium. Ce sont donc de différentes carrières que proviennent les chaux utilisées en agriculture. Selon la provenance, leur contenu en magnésium peut varier, ce qui a mené à la création de trois catégories de chaux agricole naturelle, basées sur leur teneur en cet élément. La chaux calcique ne contient pas, ou peu, de magnésium (< 5% de MgCO3), la chaux magnésienne en contient entre 5 et 19.9%, et la chaux dolomitique contient 20% ou plus de MgCO3. Lorsque le sol nécessite un chaulage, et que son analyse en magnésium est faible, la chaux dolomitique ou magnésienne représente une des sources les plus abordables de magnésium. Le Réseau Agrocentre a également la chance de distribuer les nutrichaulants d'Agro-100 , des agents chaulants composés de macronutriments et de micronutriments solubles qui exercent une double action en chaulant et fertilisant le sol en une seule application. En plus du calcium, ils contiennent du potassium, du soufre, du magnésium et des éléments mineurs, rapidement disponibles pour la culture. Lorsqu'un apport d'un de ces nutriments est également requis, les nutrichaulants vous permettent assurément d'en avoir plus pour votre argent! Informez-vous auprès de votre conseiller.
par Catherine Faucher, agr. 12 juin, 2020
La chrysomèle du haricot est un insecte répandu à travers tout le continent nord-américain, et est considérée comme un ravageur d'une grande importance économique dans la culture du soya. Cycle biologique : Les adultes chrysomèles passent l’hiver au Québec, cachées dans les bordures enherbées des champs, près des boisés, sous des tas de feuilles, etc. Elles s’activent autour du mois de mai et juin, avec le retour de la chaleur. Après l’accouplement, les œufs sont pondus dans le sol, près des plants de soya. Les œufs éclosent après environ 10 jours, puis le développement larvaire s’étale sur 18 à 24 jours, et finalement, après 7 jours de pupaison, une nouvelle génération d’adultes émerge. Dommages : Les adultes qui ont survécu à l’hiver peuvent causer des dommages au soya dès sa sortie de terre au printemps. Les chrysomèles s’alimentent sur les feuilles en laissant des trous entre les nervures, s’attaquent aussi aux cotylédons, et peuvent même couper les jeunes plantules à la base. Les insectes issus de la génération hivernante, qui émergent du sol quelque part en juillet-août, causeront eux aussi des dommages aux feuilles, mais aussi aux gousses, en abîmant la surface et en les faisant même tomber au sol lorsque qu’ils sont en grand nombre. À l’occasion, les larves peuvent également causer des dommages aux racines. Dépistage : Au stade plantule : Noter le nombre de chrysomèles observées sur 5 à 6 mètres de rang, à 5 endroits choisis au hasard dans le champ. Au-delà du stade plantule : Établir le % de défoliation sur 20 plants, à 5 endroits choisis au hasard dans le champ. Au stade R4 à R6 : Établir le % de défoliation sur 20 plants, à 5 endroits choisis au hasard dans le champ (en évitant les bordures) et noter aussi le nombre de gousses endommagées ou coupées. Seuil économique d’intervention : L es SEI de l’Ontario sont utilisés pour déterminer la pertinence d’un traitement insecticide. Vous devriez également tenir compte de la valeur économique de la culture dans votre prise de décision, et le potentiel de rendement du champ. Un traitement pourrait être plus rapidement envisagé dans un champ de soya IP que dans du soya conventionnel par exemple, puisque le premier à une plus grande valeur à la tonne. Ou on décidera de traiter un champ dans lequel le rendement attendu est élevé avant celui dont le rendement est déjà handicapé par une mauvaise levée, un mauvais drainage ou un contrôle des mauvaises herbes déficient par exemple. Au stade plantule : 16 chrysomèles adultes par 30 cm de rang. Stades végétatifs : 30 à 50% de défoliation. De la floraison au remplissage des gousses (R1 à R4) : 15 à 35% de défoliation. Au stade R4 à R6 : 25% de défoliation ou 10% des gousses endommagées. Puisque les chrysomèles du haricots peuvent survivre à l'hiver dans les herbages ou les boisés à proximité des champs dans lesquels elles se sont nourries, il est recommandé de dépister le soya dans les régions/corridors où des chrysomèles ont été observées l'an dernier. Si vous avez des questions, ou pour plus d'informations, n'hésitez pas à contacter votre conseiller Agrocentre.
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